-Nous sommes toujours en train de rouler dans Tokyo, Atsuhi Nakajima, où est-ce qu’on est en ce moment ?
-Nous sommes entre Ikebukuro et Shinjuku, on est toujours en train pour aller a Shinjuku, voila !
-On parlait à l' instant de la crise économique, que vient de vivre le Japon, nous avons cherché à savoir comment les Japonais ont traversé cette période.
Isabelle Labeyrie a été reçue par une famille, Monsieur et Madame Sato, lui, est professeur, elle travaille dans une administration. Écoutez le reportage :
Avec l'arrrivée des beaux jours, Susumu s'est remis à la construction de son barbecue. L’enseignant savoure sa chance d’avoir une maison et un petit bout de jardin en ville, ses seuls biens épargnés par une recession qui a obligé toute la famille à réduire son train de vie.
- Pendant la crise, on a changé notre facon de faire les courses, on allait beaucoup dans les boutiques de 100 ou 200 yens où l’on trouve tout. Pour les fruits et légumes, on s'est mis à les cultiver nous-mêmes dans le jardin, c’etait plus économique.
- Aujourd’hui, la consommation repart, le moral des ménages est au plus haut depuis 15 ans, mais pour la famille de Sato ce ne sont que des statistiques de bureaucrates. Car à 25 ans, le fils cadet, prof de sport, vit encore à la maison : il n’a pas des moyens de se payer un loyer , quant à sa mère, Mayumi, licenciée pendant la crise, elle a retrouvé un travail a mi-temps, mais elle attend toujours les signes d’une vraie reprise.
- Pendant la bulle spéculative, on faisait tous partie de la classe moyenne, ensuite, les écarts se_sont__creusés entre les riches et les pauvres, et ça ne s’ameliore pas.
Les étrangers croient que tous les Japonais ont un niveau de vie élevé, mais ils ne voient pas ceux qui ne peuvent pas sortir de leur ville ou de leur province.
A défaut de partir en voyage à l’étranger, Mayumi aimerait investir dans sa maison si son salaire remonte comme prévu - cela fait 26 ans que la famille y habite, elle n’a jamais pu faire de travaux.
-Atsushi Nakajima, les salaires ont vraiment beaucoup baissé pendant la crise ?
- Oui, c'est ça, oui. Nominalement, les salaires moyens ont baissé de 20 %.
- Et vous, personnellement ?
- De 30 %.
- Votre salaire a baissé de 30 % ? Ce sont les classes moyennes qui ont _le_ plus souffert de la crise.
- Oui, je pense, mais en tout cas, il faudrait dire que, c’est un petit peu tout qui a souffert de la crise, puisque par la... l’augmentation des faillites etc, donc, non pas seulement la classe moyenne mais aussi les dirigeants etc. ont aussi souffert de la crise.
- Mais on reproche beaucoup au gouvernement d’avoir creusé ce qu’on appelle "la fracture sociale", c’est vrai ?
- Oui. Ceci est vrai... Par des statistiques on peut voir l’écartement des salaires entre les pauvres et les riches, mais ceci dit, objectivement on pourrait dire que cet écart n’est pas..., ne dépasse pas la moyenne des pays avancés.
- Parce que, en même temps, Tokyo affiche une opulence invraisemblable, on passait devant des magasins de luxe tout à l’heure, est-ce qu’il y a une ... vraiment un Japon à deux vitesses ?
- Oui, il y a un Japon à deux vitesses, naturellement il y a des personnes qui souffrent de la pauvreté..et il y en a d’autres qui en ce moment sont vraiment dans un succès, dans la richesse.
- Atsushi Nakajima, on va maintenant s’intéresser à un secteur economique, qui marche tres bien ici, la presse. Les Japonais sont en effet les plus gros lecteurs de journaux au monde.
Alors, tout à l’heure, notre minibus s'est arrêtés devant un kiosque, afin que Sophie Parmentier puisse aller acheter les journaux, alors, qu’est-ce qu’il y a dedans aujourd’hui ?
- Alors, j’ai feuilleté les 4 principaux quotidiens, Asahi, Mainichi, Yomiuri et Nikkei, et ce matin, aucun titre marquant dans ces journaux, presque aucun sujet commun, à part cette photo prise hier à Tokyo. Sur le cliché, zoom sur le nez du Shinkansen première génération, tout autour, 15 mille Tokyoites venus y faire leurs adieux, car le musée de transport de Tokyo a fermé ses portes hier et les Japonais n'auront donc plus l’occasion d'admirer le premier né des TGV, et il y a ce matin une vraie pointe de nostalgie dans la presse sur ce sujet.
-Alors, autre sujet moins nostalgique et qui va redonner le moral à notre invité : une prime ?
- Oui. C’est le Nikkei qui l’annonce ce matin dans ses colonnes, la prime d’été (prime traditionnelle, il y en a deux par an ici, sans rapport avec le merite) cette prime d’été va donc augmenter de 0,73 % en juin ; ça fait 4 ans de suite qu’elle progresse, et c’est bien sûr une bonne nouvelle pour les salariés japonais, salariés qui avouent ce matin dans un sondage qu’ils culpabilisent lorsqu’ils prennent des jours de congé auxquels ils ont pourtant le droit quand leur enfant est malade. Un tiers des personnes interrogées pensent que leur chef leur en voudra dans ce cas-là, c’est à lire dans les pages de Asahi.
-Et puis, évidemment, il y a du sport - comme tous les journaux au monde - au Japon ?
-Oui, tous les résultats detaillés du tournoi de sumo, (ah ça c’est un...) se déroulant en ce moment à Tokyo... Olivier, c'est le 8ème jour de tournoi et en tête, aucun Japonais, figurez-vous ! Comme quoi le sumo devient un sport international.
-Atsushi Nakajima, pas de Japonais en tête de sumo, c’est normal, ca?
-Enfin, ce n’est pas normal mais c’est normal, puisque le sumo c’est une lutte par la puissance, etc. et je pense que les Japonais sont devenus de plus en plus faibles par sa (à cause de leur) richesse etc.
==> C'est surprenant, mais c'est normal puisque le sumo c'est une lutte où compte surtout la puissance. Et je pense que les Japonais ont perdu de leur puissance é cause de leur richesse...
-Atsushi Nakajima, pourquoi les Japonais lisent-ils autant les journaux ?
-Ah, c’est difficile à dire, peut-etre, parce que premièrement les caractères sont des sortes de dessins,(d') images, donc ils sont plus lisibles par les Japonais que l’alphabet. Ça c’est une chose et l’autre chose, c’est que... peut-être,la plupart des Japonais sont plus interessés par l’économie, par ce qui se passe non pas dans le monde mais au Japon.
- Et, quand on disait que les Japonais lisent beaucoup les journaux, écoutez plutôt : les 2 premiers quotidiens ici sont aussi les 2 plus gros tirages du monde : à eux deux, le Yomiuri-shinbun et l’Asahi-shinbun, dont nous parlait Sophie, vendent plus de 26 millions d’exemplaires chaque jour.
-Vous voyez peut-être les Japonais comme un peuple de fourmis qui ne pense qu’au travail, eh bien dans 2 minutes, vous allez sans doute être surpris...